6 tonnes de CO2, capturées chaque année par un hectare de fougère Azolla : le chiffre claque, implacable, loin devant les performances de nombreux arbres tropicaux. Discrète, menue, presque anonyme, cette plante aquatique a pourtant déjà conquis des projets de dépollution et de séquestration du carbone à grande échelle.
Ce rendement laisse loin derrière des espèces que l’on cite volontiers en référence. Pourtant, Azolla demeure dans l’ombre, inconnue du plus grand nombre, rarement choisie pour les chantiers de végétalisation des villes ou des campagnes.
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Pourquoi les plantes sont nos alliées contre le CO2
Face à la progression continue des émissions de gaz à effet de serre, chaque plante apporte sa pierre à l’édifice de l’équilibre atmosphérique. C’est la photosynthèse qui orchestre tout : les végétaux captent le dioxyde de carbone (CO2), relâchent de l’oxygène. Ce mécanisme, si simple en apparence, garantit la stabilité du cycle du carbone. Sans lui, le CO2 grimperait en flèche.
Chaque plante CO2 occupe une place bien définie dans cette vaste mécanique. Certains arbres, bien sûr, mais aussi des fougères aquatiques comme Azolla, des mousses, quelques graminées. Tout dépend de la vitesse de croissance, de la densité du feuillage, de la faculté à stocker du carbone sur la durée. Les chercheurs évaluent ces critères pour faire ressortir les plantes les plus efficaces.
Voici les grandes tendances observées :
- Les arbres à croissance rapide, tel le paulownia, captent beaucoup de carbone, mais sur des cycles courts.
- Les plantes aquatiques comme Azolla excellent : elles absorbent plusieurs tonnes de CO2 par hectare chaque année.
- Les espèces au feuillage persistant jouent sur la durée, stockant le carbone même en période de repos.
Multiplier les plantes dans un écosystème, c’est renforcer la capacité de stockage du carbone. Plus la diversité est grande, plus la séquestration s’amplifie. Les zones humides, riches en biomasse, dépassent souvent les forêts tempérées en stockage au mètre carré. La photosynthèse, discrète, reste le moteur silencieux de cette danse permanente entre carbone et plantes.
Qui détient le record d’absorption du CO2 parmi les plantes ?
Pour repérer la plante CO2 la plus efficace, les scientifiques ont passé au crible des centaines d’espèces, aussi bien dans la canopée que sur les rives des zones humides. Les arbres impressionnent par leur capacité à stocker le carbone durant des décennies, mais côté absorption annuelle, ce sont les plantes aquatiques qui s’imposent.
La palme revient à Azolla filiculoides, cette fougère d’eau minuscule mais redoutable en rendement photosynthétique. Elle double sa biomasse en moins de quarante-huit heures, si les conditions lui sont favorables. Résultat : jusqu’à 6 tonnes de CO2 absorbées chaque année, par hectare. Même les arbres les plus vigoureux, comme le paulownia ou l’eucalyptus, ne rivalisent pas, du moins sur la captation rapide du CO2.
Dans nos contrées tempérées, le paulownia impressionne par sa croissance et sa longévité. Mais, à l’échelle d’une année, il reste derrière Azolla, dont la captation immédiate des émissions de gaz à effet de serre fait la différence.
Côté plantes dépolluantes d’intérieur, leur force n’est pas dans la quantité de carbone absorbée. Elles excellent surtout pour filtrer des polluants comme le formaldéhyde ou le benzène. Le palmarès des plantes les plus efficaces dépend donc du contexte : bassin aquatique, forêt, ou espace clos. Nos championnes du CO2 ne sont pas toujours celles qu’on imagine.
Zoom sur la championne : portrait et secrets de la plante la plus efficace
Azolla filiculoides bouscule l’ordre établi. Sa taille minuscule cache une capacité hors-norme à absorber le dioxyde de carbone. Chaque fronde se multiplie à une vitesse folle, recouvrant l’eau en un clin d’œil.
Son secret ? Une alliance unique avec une cyanobactérie qui fixe l’azote de l’air. Grâce à cette symbiose, Azolla assimile encore plus de carbone. Étendue sur un plan d’eau, sa biomasse atteint des records, tandis que le CO2 absorbé dépasse largement celui des arbres réputés pour leur efficacité.
Voici ce qui la distingue :
- Jusqu’à 6 tonnes de CO2 stockées par hectare chaque année
- Un cycle de vie ultra-rapide qui renouvelle constamment la biomasse
- Un rôle écologique : elle forme une couverture végétale qui limite l’évaporation et inhibe la prolifération d’algues
Dans les bassins, Azolla rend service à la faune aquatique tout en améliorant la qualité de l’air. Les scientifiques suivent de près son potentiel pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre, particulièrement dans les projets pilotes menés en zones humides. En dehors des appartements, loin des rayons des magasins de plantes, cette fougère s’établit comme la plante CO2 de référence, bien plus performante que la plupart des plantes d’intérieur connues pour leurs propriétés dépolluantes.
Intégrer ces plantes chez soi : astuces simples pour un air plus pur
L’offre végétale pour assainir l’air intérieur va bien au-delà des stars habituelles. Parmi les plantes dépolluantes, le ficus elastica et le chlorophytum comosum se distinguent par leur fiabilité. Leur rôle ne s’arrête pas au dioxyde de carbone : elles combattent aussi les composés organiques volatils (COV) qui s’échappent du mobilier, des peintures, des colles ou des tapis. Résultat : une action sur le formaldéhyde, le benzène, le xylène, l’ammoniac ou le toluène.
Pour maximiser leur action, il convient de répartir ces plantes d’intérieur dans les pièces où les polluants sont les plus présents, à proximité des sources. Un éclairage modéré favorise leur croissance. Le chlorophytum comosum, la fameuse « plante araignée », se plaît dans les cuisines ou les salles de bain, là où le monoxyde de carbone ou le formaldéhyde peuvent atteindre des niveaux élevés. Quant au ficus elastica, il s’intègre naturellement au salon ou au bureau, pour une purification continue de l’air.
Quelques gestes simples suffisent pour préserver leur efficacité :
- Nettoyez les feuilles régulièrement pour qu’elles conservent leur pouvoir dépolluant.
- Renouvelez l’eau des plantes en pot pour éviter le développement de moisissures.
- Modérez l’arrosage afin de limiter l’apparition de micro-organismes indésirables.
Varier les espèces, c’est multiplier les bienfaits des plantes sur la santé et agir sur toute la diversité des polluants présents dans chaque pièce. Ensemble, elles créent une dynamique dépurative qui transforme l’atmosphère du foyer en un cocon respirable et sain.
La fougère Azolla ne trône pas dans nos salons, mais elle prouve qu’une simple plante peut changer la donne. Si le règne végétal réserve encore des surprises, il appartient à chacun de regarder autrement ces discrètes alliées qui œuvrent, en silence, pour l’équilibre de notre air.
